Dotés d’une caméra multispectrale, les drones peuvent survoler une superficie de 400 hectares par heure et collecter toutes les données relatives à la terre et à l’état de santé des cultures.
A quoi peut servir un drone en agriculture ? C’est la question qu’on peut se poser naturellement, étant donné que l’usage des drones est tout récent dans le monde. Mais ses vertus sont innombrables. Avec la révolution 4.0 que les pays industrialisés sont en train de vivre, le recours aux drones serait inévitable, non seulement pour l’agriculture, mais pour tous les autres secteurs économiques.
Dans un futur, pas lointain, où l’intelligence artificielle fera l’unique loi qui régit l’économie d’une société donnée, les drones seront la main-d’œuvre favorite et adulée par les entrepreneurs. Heureusement, la Tunisie a fait son entrée dans cette nouvelle ère. Désormais, elle est le premier pays africain à se doter d’un centre de formation au pilotage de drone. Il est le fruit d’un projet pilote mené par la Banque Africaine de Développement (BAD) en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et la coopération coréenne, dont l’objectif est de lancer une expérience de modernisation de l’agriculture africaine en recourant à la technologie des drones. Financé à hauteur d’un million de dollars, le projet a été achevé après 15 mois de son lancement qui a eu lieu au mois de juillet 2018. Une quarantaine de jeunes techniciens et ingénieurs ont pu bénéficier d’une formation au pilotage de drone. Grâce au transfert du savoir-faire et de la technologie coréenne, la Tunisie dispose, actuellement, de ses propres formateurs au pilotage de drones. Houcine El Khili, chef du projet auprès de la BAD, a affirmé dans une déclaration à La Presse, que la banque compte étendre le projet d’utilisation des drones pour inclure d’autres secteurs et assurer le transfert de la technologie vers le reste de l’Afrique. «Nous souhaitons que la Tunisie soit une plateforme de formation. Il faut entretenir en vie le centre de formation et le hisser au niveau d’excellence. Dans ce cadre, nous prévoyons la formation de plus de 400 pilotes de drones d’ici 2022», souligne-t-il.
Efficacité et rapidité
Le texte de loi réglementant l’utilisation des drones est prêt. Il devrait être adopté dans un mois, selon Chokri Chabchoub, chef du projet au sein du ministère de l’Agriculture. Jusque-là, l’utilisation des drones ne se faisait qu’à travers l’acquisition d’une autorisation livrée respectivement par les ministères de l’Intérieur, de la Défense et de l’Equipement. Une expérience d’utilisation de drone pour l’amélioration de la productivité agricole, qui s’est étalée sur les derniers mois, a été réalisée dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, dans le même cadre. Au cours de laquelle, deux ingénieurs, un instructeur et quatre techniciens ont été formés au pilotage mais également à la technologie des drones pour photographie aérienne. «Dotés d’une caméra multispectrale, les drones peuvent survoler une superficie de 400 hectares par heure et collecter toutes les données relatives à la terre et à l’état de santé des diverses cultures. Les données collectées sont d’une très forte exactitude. Ces caméras peuvent prendre jusqu’à 6.500 photos par heure. C’est important sur les plans efficacité et rapidité», explique Chabchoub.
Bien que les bailleurs de fonds et les pays partenaires aient exprimé leur volonté de continuer cette expérience et accompagner la Tunisie, notamment les départements de tutelle, pour étendre le champ d’application des drones à d’autres secteurs comme le développement urbain, l’infrastructure, les ponts et chaussés, le projet demeure en phase d’expérimentation. La nouvelle loi qui réglemente l’utilisation des drones devrait être adoptée pour ouvrir, effectivement, la voie à la quatrième génération de la révolution industrielle.